Description
” Necker, designe par l’opinion, en 1776, comme le financier le plus apte a conjurer la crise deja prevue, ne tarda pas a eprouver que, dans l’ignorance ou l’on vivait alors sur la plupart des faits concernant la fortune publique, il etait difficile de corriger les anciens abus, et plus encore de creer des ressources nouvelles. Dans la liste des projets ajournes a ces temps de calme que reve tout ministre, et que rarement il a le bonheur devoir, il traca le plan d’une institution ou seraient venus se classer des renseignements de toutes sortes sur l’etat des personnes et des proprietes, l’industrie, les transactions, les revenus, le credit, le numeraire, de maniere a ce que, dans l’avenir, le genie de la finance fut suffisamment eclaire dans son essor. Plus de soixante ans se sont ecoules depuis cette epoque, plus de dix gouvernements se sont succede; deux ou trois generations de bureaucrates ont enrichi les cartons des ministeres; les contribuables ont paye, pour etre administres, une vingtaine de milliards: sommes-nous beaucoup mieux informes que du temps de Necker ? Les premiers volumes d’une statistique officielle, des documents speciaux qui ne recoivent qu’une publicite imparfaite des recherches particulieres qui manquent d’autorite, ont jete une lumiere douteuse sur quelques points des affaires; mais on n’a pas encore produit un ensemble de notions auquel les citoyens pussent recourir avec confiance pour asseoir leurs jugements sur des faits positifs. On ne parle depuis dix mois que d’organisation du travail. Qui possede des connaissances certaines sur les elements a coordonner ? Personne, pas plus les agents de l’administration que les pretendus reformateurs…”